Cela faisait un moment que l'audacieux ne s'était pas rendu chez les érudits pour faire son rapport à Jeanine Mattews. Et pour cause, depuis sa destitution, la leader des érudits recommençait tout juste à lui porter toute sa confiance. Sa découverte des agissements de Christ dans son dos, libérant ces divergents et sans-factions qu'elle méprisait tant, l'avait blessé dans son fort intérieur... son égo en avait prit un coup et il lui avait fallu plusieurs mois avant de pouvoir à nouveau le regarder dans les yeux. Cette trahison lui avait sans nul doute fait plus de mal qu'elle ne voulait l'avouer mais cela le jeune homme ne le saurait probablement jamais.

Après une bonne journée de dur labeur; enfin dur disons plutôt ennuyeux; passé une fois de plus à garder cette fichue barrière où rien n'arrivait, Christ se rendit au quartier des audacieux comme il avait convenu par mail la veille au soir avec son ex leader. Il avait pris le train en route en quittant son poste, seul dans le wagon il en avait profité pour changer de tenue adoptant une tenue moins militaire : un jean noir et une chemise bleu-marine. Il dissimula l'ensemble de ses affaires d'audacieux dans son sac avant de la camoufler dans le toit du wagon, il le referma puis sauta du train en route. L'audacieux se rattrapa à un lampadaire ralentissant sa chute, il se balança légèrement avant de sauter à nouveau et atterrit genoux fléchis. Il avait opté pour une descente moins rapide et salissante qu'habituellement; on ne pouvait pas entrer dans l'enceinte des Erudits sans une certaine tenue. Le jeune homme dépoussiéra ses vêtements du dos de la main en se redressant avant de prendre le chemin du quartier des érudits se trouvant à quelques pas.

Christobald pénétra dans le grand bâtiment vitré; une entrée qu'il avait passé à de maintes à reprises; il la traversa comme si de rien n'était, se fondant dans la foule des érudits semblant le prendre pour l'un des leurs. Une fois le grand hall traversé, il gravit les étages un à un pour se rendre au bureau de la leader sans encombres.. Jusqu'à ce qu'il rentre malencontreusement au détour d'un couloir dans un érudit les bras remplit de livres. Leur collision fit un bruit sourd qui résonna dans toute l'enceinte, les livres s'éparpillèrent autour d'eux, l'érudit tomba au sol au pied de Christ restait droit sur ses jambes. Le brun porta ses yeux au ciel soupirant avant de porter un regard foudroyant sur Ethan à ses pieds. Quelle idée de prendre autant de bouquins en une seule fois ! N'avait-il rien de plus passionnant à faire de ses journées, que de les passer le nez dans un tas de livres. L'audacieux appréciait la lecture; il lisait quotidiennement le journal des érudits et quelques bouquins se trouvaient encore dans ses appartements, bien rangés à l'abri des regards indiscrets; mais il y avait tant de choses à découvrir rien qu'en communiquant avec les autres, en travaillant et en allant divaguer au grés du vent ou en patrouille. Pourquoi dam devrait on se cloitrer dans une pièce à lire une suite d'œuvre sur la quantique ou bien sur la génétique ? S'il y avait bien une chose qu'il ne regrettait pas de sa vie d'avant, c'était bien celle là. Après un bref soupir, il tendit sa main à l'érudit pour l'aider à se relever sans dire mots. Il préférait que les gens alentours n'interviennent pas et reprennent leurs petites affaires comme si de rien n'était; il n'était pas venu ici pour se faire remarquer.

Christ ne reconnu pas Ethan; est pour cause il ne le connaissait pas le moins du monde; il avait été muté chez les audacieux à l'arrivée d'Ethan chez les érudits. Ils n'avaient donc jamais partagé une salle de classe, ni la cantine et encore moins le même dortoir. Quand à discuter ensemble... même si tel avait été le cas, le brun n'aurait très certainement pas écouté les paroles de l'érudit qui l'aurait probablement rapidement ennuyé. Ethan semblait être un érudit tout à fait basique et ennuyeux, qui ne transgressait jamais les règles; peut-être même était-il un mouchard... Bref, Christobald sentait que la compatibilité entre eux deux serait impossible. Rien qu'à le voir là devant lui au sol, il l'agaçait... Pourtant l'audacieux n'était pas quelqu'un du genre froid et associable mais leur première rencontre n'avait pas été des plus engageante non plus; et puis il y a parfois des gens que vous ne sentez pas à la première approche. Ethan Jones faisait parti de ceux là pour Christ.
Il l'aida tout de même à se relever, le tirant avec une légère fermeté; l'érudit semblait relativement frêle et il ne tenait pas à se faire plus remarquer. Une fois son interlocuteur remit sur ses deux jambes, il l'aida à ramasser ses livres. L'audacieux remarqua qu'il s'agissait uniquement de livres sur la génétique. Soit l'érudit était fana de sciences et c'était sa journée sur la génétique; soit il était professeur. A en juger par sa tenue vestimentaire classique très soignée et son air hautain, la seconde semblait la bonne. Ethan remit ses vêtements en place et son sac sur son dos sous le regard agacé de Christ; qui n'avait envie que d'une chose : qu'il s'en aille sans histoires. Mais visiblement, il en avait décidé autrement, il scruta l'audacieux puis rétorqua d'un ton interrogateur :

- Hum, Puis-je vous demander ce que vous faites ici ?

L'érudit l'observait des ses petits yeux plissés passant une main dans ses cheveux pour se recoiffer; ce qui eu pour effet d'agacer encore un peu plus Christ. L'audacieux retint une réponse cinglante, porta son regard au ciel, gardant un visage placide et retint un soupir avant de rétorquer fermement.

- Excusez-moi mais cela ne vous regarde en rien !

Il joncha son interlocuteur de la tête au pieds se tenant bien campé sur ses deux jambes, le regardant de haut sans sourire. Il allait reprendre sa route mais l'érudit le bloqua visiblement bien décidé à lui chercher des noises et à avoir une réponse digne de ce nom probablement.

En bon petit érudit qu'il était, Ethan Jones cherchait les réponses à toutes les questions se présentant à son esprit. Lui bloquant la route, il observait l'audacieux d'un air dédaigneux, plissant les yeux comme pour plonger au fond de lui. Cela agaça de plus bel Christ qui se sentait analysé dans ses moindres gestes, ses moindres mimiques, comme la "bête" de laboratoire qu'il avait été jadis mais il ne laissa rien paraître restant placide devant son interlocuteur qui rétorqua d'un ton cinglant.

- Je pense que si, au contraire. Les Audacieux n'ont rien à faire dans le quartier des Erudits.

Il posa plus délicatement la fin de sa phrase semblant hésitant à se frotter à l'ex-leader, et il l'avait toutes les raisons de ce comporter ainsi. Même si Christ n'était pas du genre à frapper quelqu'un sans réfléchir auparavant. Dans ce cas précis, il n'avait aucun intérêt à le faire, cela alerterait les autres membres érudits qui semblaient reparti à leurs occupations.
Cependant, Ethan était loin de s'imaginer que barrer la route au brun pourrait lui attirer de sérieux ennuis d'en haut mais cela l'audacieux ne pouvait se permettre de le mentionner. Voyant que visiblement l'intimidation ne fonctionnait pas avec l'érudit, Christ décida de tenter une autre méthode. Il prit un air plus serein, rit légèrement portant son regard au sol puis rétorqua d'un ton léger.

- Excuse-moi mais ton comportement me faire rire et me rappelle mes années passées. J'étais un érudit, tout comme toi auparavant, et j'ai de la famille qui m'attend pour la visite annuelle. Seulement, je voulais leur faire une surprise alors bon... J'essaye d'être discret. C'est tout !

Il n'était pas certain que la ruse et le mensonge fonctionne avec le professeur; cependant ses dires étaient tout à fait probables et le mensonge était un art qu'il maitrisait totalement. Ethan pourrait trouver cela étrange mais il n'y verrait que du feu. Toutefois pour assurer ses arrières, Christ passa un bras derrière le dos d'Ethan continuant à parlementer avec lui sur un passé imaginaire et embellit au sein des érudits, le conduisant dans un endroit plus retranché et sombre.

L'audacieux comprit que ses paroles n'avait pas vraiment fait mouche quand il vit Ethan froncer les sourcils. Cependant l'érudit garda le silence, ne désirant visiblement pas se frotter à Christ. Il avait toutes les raisons du monde de ne pas le faire d'ailleurs; l'ex-leader était plutôt bien bâtit et d'une taille assez imposante du haut de ses 1 m 85, tout l'opposé d'Ethan. L'érudit hésita brièvement avant de le suivre dans le couloir, il le fit à contre cœur semblant sur ses gardes et rétorqua :

- Je comprend, excuse moi dans ce cas.

Ethan était très certainement loin de se douter que l'audacieux était le pion de leur plus grande leader et Christ n'avait pas envie qu'il le découvre; Jeanine n'aimerait pas cela non plus. Christ donna une légère frappe sur l'épaule droite de l'érudit émettant un léger petit rire.

- Il n'y a pas de soucis. Le fait d'être intelligent ne fait pas tout, n'Est-ce pas !

L'ex-leader attendit qu'ils soient bien éloignés de tout point de communication et isolé des autres membres érudits. Il serra l'épaule droite d'Ethan de sa main gauche, portant un regard prononcé dans celui de son opposant puis murmura à son oreille d'une voix assurée.

- Bien évidemment, tu ne m'as jamais vu, tu ne m'as jamais parlé en ces lieux.

C'était certes une technique d'intimidation mais il ne voyait pas d'autres options s'offrant à lui à cet instant pour régler la situation; leurs routes avait eu le malheur de se croiser alors chacun devait faire avec. Son intimidation était loin des habituelles barbaries utilisées par beaucoup d'audacieux. Christ n'avait pour le moment aucune raison d'être cruelle envers le professeur, et il n'aimait pas vraiment cela; contrairement à certains audacieux qui y prenaient un malin plaisir... comme Eric Miller, pour ne citer que lui... Si Ethan venait à parler à qui que ce soit, il n'était pas certain que cela en soit de même. Il savait aussi pertinemment que Jeanine Mattews ferait en sorte d'étouffer l'affaire, elle irait sans nul doute voir l'érudit, le questionnerait et le rabaisserait. Après quelques mètres, le brun se stoppa brièvement et se retourna lançant.

- J'espère pour toi que les murs n'ont pas d'oreilles. Je préfèrerai que nos chemins n'aient plus à se croiser.

Il savait pertinemment que l'érudit comprendrait aisément ses sous-entendus et en ferait bon usage.