Blueberry Eden Sanders

- Il faut vivre l'instaprésent -

Identité

MADE BY .ANGELUS

On ne vit qu'une fois

- Si tu te fiais toujours à tes amis, la terre ne serait plus -

Les hommes ont toujours vécu dans les larmes, dans les rires, dans la chaleur humaine. Ils ont souffert, aimé, pleuré. Chaque vie est un assemblage complexe de souvenirs, d'images et de mots. L'humain même est la définition de vie. Nous avons tous une bonne raison de vivre. Et une mauvaise de vouloir mourir.


Chapitre un

J'ai mal au bras. Je retire les gravillons qui se sont incrustés dans ma peau. En grimaçant, je fixe ma mère. Elle a les yeux dans le vague, elle ne me voit pas. Je vois du sang perler là où je suis tombée, au genoux. Ça pique. J'ai mal. Je retiens mes larmes, elle s'accumulent au bord de mes yeux, menaçant de rouler sur mes joues à chaque instant. Je calme ma respiration en m'efforçant de me dire que tout va bien, que rien n'est grave. J'appelle ma mère. Elle ne m'entend pas, ne frémis même pas. Le regard perdu dans l'horizon, elle reste assise sur sa chaise, droite comme un piquet. Elle n'est pas avec moi. Elle est noyée dans les souvenirs qui l'accablent et qui voûtent ses épaules lorsqu'elle se lève. Là elle reste immobile. Juste amorphe. Déconnectée de la réalité.

« Maman tu me fais peur ! Maman, réveille-toi ! Maman ! MAMAN ! »

Je hurle et lâche quelques sanglots. Elle ne réagit toujours pas. Je jette un coup d’œil à la rue, elle reste vide, obstinément vide. Juste ma mère dans les vapes, et moi. Je n'ai que six ans alors je panique, les larmes coulent et je gémis, tant et si bien que mon père, alarmé par mes cris, accourt hors de la maison pour m'aider à me relever. Il me caresse le crâne en chantonnant, avant d'apercevoir maman. Il soupire. Je sais qu'il se sent mal en la voyant dans cet état, et pourtant il va s'asseoir auprès d'elle. Il lui prend simplement la main. Je sais que je devrais partir, mais je reste plantée là à les regarder. Il l'aime malgré la douce folie qui la gagne depuis la mort de ma sœur qui était encore dans son ventre. Nous aurions dû être quatre filles. Nous ne sommes que trois, mais maman n'a jamais su s'en contenter. Je ne peux que la plaindre.


Chapitre deux

Aujourd'hui, c'est la Cérémonie du Choix. Pas la mienne bien sûr, je suis encore trop jeune. C'est celle de Myra, mon aînée de six ans. Dans deux ans, ça sera au tour de Kate. Puis, dans encore quatre ans, le mien. J'ai tellement hâte. Cela me remplit d'excitation. Je sais pourtant que Myra va rester, elle nous l'a toujours dit et elle est faite pour la vie de Sincère. Je vois déjà la goutte de sang tomber dans la coupe remplie de verre, comme on me l'a expliqué. Je serre des poings et laissa mon regard dériver vers la lumière bleutée au plafond. Je souris à ma sœur quand on appelle son nom, je la pousse même en avant.

Ma mère va mieux. Elle la regarde s'éloigner d'un pas tranquille, et cette fois-ci ses yeux ne sont pas voilés ou noyés derrière des larmes silencieuses. Je lui presse la main. Myra va revenir vers nous, j'en suis certaine. Après quelques secondes de suspense insoutenable, c'est la coupe des Sincères qui est touchée. Je respire plus calmement et la tension se relâche. J'applaudis, l'air un peu conne, mais heureuse et innocente. Ma sœur vient se placer à la première rangée, elle me jette un coup d’œil et me rend mon sourire. Je rayonne.


Chapitre trois

Je viens de sortir de la Ruche. Je suis entourée de Fraternels. Cela ne s'est pas passé comme prévu. Je devrais être en train de courir vers le train avec les Audacieux, faisant partie des leurs ou presque. Mais j'ai choisi une vie plus calme et plus tranquille. Les Fraternels. Sauront-ils devenir ma famille ? Me ferais-je des amis là-bas ? Ça, je n'en sais absolument rien. Tout ce que je sais, c'est que je dois être en sécurité, concernant ma divergence. Je ne risque plus rien. Au fond, j'ai peut-être écouté volontairement l'Altruiste qui me faisait passer mon test ?


Épilogue

Cela fait deux ans que je suis chez les Fraternels. Jamais il ne m'est arrivé de bricole. Je suis heureuse. Mon quotidien est routinier, je suis aux anges. Je n'ai qu'à aider aux champs, cueillir des pommes, accueillir les Altruistes lorsqu'ils viennent nous aider et les soutenir à la tâche. Cela n'est pas de tout repos, mais j'ai appris à travailler en me taisant, même s'il faudra sans doute plus qu'un changement de faction pour m'ôter mon envie de parler.

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