Louis fixait sa paume, où trônait en plein milieu une coupure. Il repassa la scène devant ses yeux, revoyant le couteau, et une goutte de son sang tomber lourdement dans la coupelle des Altruistes. Il était parti avec les gens de sa nouvelle faction, content de voir qu'il avait réussi à finalement trouver quelque chose. Mais le fait qu'il soit Divergent le perturbait. Qu'est-ce que ça voulait dire ? La seule chose qu'il avait retenue était que ça devait rester secret, et que sinon, il serait en danger. Il ne devait le dire à personne, et sous aucun prétexte. Louis allait tenir ce secret.
Il releva lentement la tête, et fixa les maisons grises en face de lui. Elles se ressemblaient toutes. Comment allait-il trouver la sienne ? Le mécheux était au beau milieu de la route, et regardait un peu partout autour de lui, comme un chien abandonné. A vrai dire, il n'était jamais venu, et était un peu perdu. Il allait vivre ici, maintenant.
Heureusement que les Altruistes ne possédaient pas de voitures : on l'aurait déjà klaxonner une bonne dizaine de fois. Il s'empressa d'aller sur le trottoir, même si ça ne servait pas à grand chose, puis regarda son pull de Fraternel. Il allait devoir changer d'habits. Et de plein d'autre chose, d'ailleurs.
Louis se pinça les lèvres. Allait-il se faire des amis ici ? Et allait-il simplement s'y plaire ? Il n'avait pas le choix : la rue l'attendait, si jamais il n'aimait pas cette vie. Et Louis ne voulait pas être Sans-Faction. Vivre dans le besoin constant, d'être toujours sur sa faim, d'avoir trop froid ou trop chaud, ce n'était pas pour lui. Bien que la vie d'Altruiste soit surement dur, ce ne le serait pas autant que celle des Sans-Factions. Il allait devoir se débrouiller. Et puis si c'était si dur que ça, d'être un Altruiste, personne n'irait dans cette faction, et pourtant : il y avait des gens qui en faisait parti.
Il restait planté là, sur le trottoir, le bout de son pull jaune entre les doigts, les joues légèrement rosies, ses cheveux bougeant légèrement quand le vent soufflait, un air rêveur collé sur le visage, et le regard perdu dans le vide.